COMMENT FONCTIONNE NOTRE CORPS ?
Notre corps est abondamment équipé de récepteurs à la douleur. Leur activation transmet un message au cerveau via les nerfs. Au passage, ce message peut déjà provoquer des réflexes inconscients de protection, comme lorsque l’on retire brusquement sa main d’un objet brûlant. Ce message peut également être modulé, dans le sens d’une diminution ou d’une augmentation de la sensation douloureuse. Mais ce n’est qu’en arrivant au cerveau que ce message est décodé : s’agit-il, par exemple d’une brûlure ou d’une piqûre ? De quel endroit du corps provient la douleur que nous ressentons ? etc.
Notre corps est aussi capable de sécréter lui-même de puissantes substances qui suppriment la douleur. On les appelle les endorphines. Leur nom révèle que ces substances appartiennent à la classe des dérivés de la morphine, un des plus puissants médicaments pour apaiser la douleur.
Besson J.M., La douleur, 1992, Ed. Odile JacobLe corps est bien équipé pour ressentir la douleur et la combattre
LA DOULEUR EST-ELLE NOTRE ENNEMIE ?
Quand la douleur s’évanouit rapidement d’elle-même, nous pouvons en déduire que notre corps gère efficacement la situation (après s’être cogné à un meuble, par exemple). Mais si la douleur persiste, cela signifie que notre système intérieur de contrôle est dépassé par les événements. Nous devons alors prendre volontairement la situation en mains.
Alors, la douleur est-elle notre ennemie ?
Oui, car il n’existe aucune raison de souffrir, et de nombreux médicaments existent pour atténuer ou supprimer la douleur.
Non, parce que la douleur est le moyen utilisé par le corps pour nous signaler qu’il se passe quelque chose d’anormal, qui est ou qui pourrait être dangereux.
Besson J.M., La douleur, 1992, Ed. Odile JacobIl convient de ne pas prendre la douleur à la légère
LE SIGNAL D’ALARME
Comprendre la douleur
La douleur est un signal d’alarme. Son seul rôle est de signaler que quelque chose d’anormal est en train de se passer dans votre corps. Découvrez pourquoi il est dangereux de ne pas en tenir compte et de trop attendre pour consulter un médecin afin de découvrir sa cause.
Les récepteurs spécialisés dans la douleur
Pour comprendre les différents types de messages que la douleur peut véhiculer, il faut savoir que chacun des récepteurs concernés est spécialisé dans une sensation bien précise.
Ce système sophistiqué comprend tout d’abord ce qu’on appelle des terminaisons nerveuses libres. Il en existe de différents types à l’origine de douleurs aiguës ou de douleurs sourdes, plus profondes. Ces terminaisons nerveuses libres génèrent de la douleur quand des cellules du corps souffrent ou meurent. En effet, ces cellules libèrent alors différentes substances chimiques capables de stimuler ces récepteurs dits nociceptifs (sensibles à ce qui est nocif).
Les autres récepteurs jouent un rôle dans la douleur
Il existe d’autres types de récepteurs capables d’engendrer de la douleur. En temps normal, ils sont sensibles soit au contact, soit à une pression faible, ou encore à une pression forte, à la chaleur, au froid, à la déformation, à la contraction, à l’étirement. Ces récepteurs, dits mécaniques, interviendront pour signaler qu’une étiquette de vêtement nous gratte le dos de façon désagréable. L’activation de ces récepteurs peut également avoir un effet positif. Par exemple, pour nous indiquer que le lit de cet hôtel est plus que confortable, ou que la chaleur d’un feu de bois est inégalable.
La stimulation excessive de ces récepteurs, au-delà d’un certain seuil, provoque de la douleur, comme lors d’un coup de marteau sur le doigt par exemple.
Stimulés à l’excès, ces autres récepteurs envoient aussi un message de douleur
Les douleurs sont un signal d’alarme utile
Vu le nombre et la diversité des récepteurs capables d’envoyer au cerveau un message de douleur, on peut affirmer sans hésitation qu’il existe non pas une douleur, mais des douleurs.
Et ces douleurs sont un signal d’alarme utile adressé au cerveau, pour nous faire prendre conscience que quelque chose se passe mal, qu’il faut nous en inquiéter.
Chèvremont M, Cytologie et Histologie, Ed Desoer, 1975
LES CONSÉQUENCES
Les conséquences physiques
Qu’est-ce que la douleur empêche de faire ? C’est là son premier impact négatif. À quel point limite-t-elle certaines activités de la vie quotidienne comme marcher sur un terrain irrégulier, utiliser la voiture, monter et/ou descendre des escaliers ? Quels retentissements la douleur a-t-elle sur vos activités professionnelles ou votre vie sociale ?
Qu’est-ce que la douleur vous impose de faire ? Quantité d’exemples peuvent être trouvés : se lever plus tôt pour permettre un dérouillage matinal (arthrose), demander de l’aide pour soulever quelque chose (lombalgies), pour enfiler sa chemise (inflammation des ligaments de l’épaule), éviter certains gestes ou certaines positions qui provoquent la douleur. Sans parler du retentissement sur le sommeil. Quand on fait un bilan complet, on s’aperçoit vite que la douleur diminue notre qualité de vie, une raison de plus pour la traiter correctement.
La douleur peut fortement diminuer notre qualité de vie
Les conséquences psychologiques
Les douleurs aiguës intenses et surtout les douleurs chroniques, ont tendance à miner le moral, détruire la joie de vivre et augmenter l’anxiété ou l’irritabilité. Les patients qui sentent leur résistance s’épuiser les décrivent alors comme pénibles, exaspérantes ou encore angoissantes. Les douleurs permanentes, stressantes sont aussi à l’origine d’une diminution de l’attention et de la mémoire, d’un engluement de notre capacité à résoudre les problèmes et d’un ralentissement de la pensée. Bref, elles ont un impact sur notre capacité de travail.
De plus, des cercles vicieux peuvent s’installer : la douleur crée l’anxiété qui augmente la douleur et ainsi de suite. Plus on est obsédé par sa douleur, plus on en augmente l’importance, plus on la pérennise.
Ne laissez pas la douleur envahir votre vie !
Ne laissez pas la douleur s’installer
Vous avez deviné que les douleurs chroniques, même peu intenses, sont beaucoup plus difficiles à vivre que les douleurs aiguës. Une douleur chronique, selon la définition actuelle, est une douleur qui perdure depuis 3 à 6 mois. Contrairement à la douleur aiguë, la douleur chronique a perdu son rôle utile de signal d’alarme, elle est superflue, et beaucoup plus complexe et difficile à soigner. La douleur chronique devient une maladie en elle-même, certains l’appellent même «douleur-maladie».
On ignore encore pourquoi certaines douleurs ne disparaissent pas avec le temps et les traitements. Ce qui est clair, c’est que les douleurs chroniques doivent être traitées de manière aussi combative que la douleur aiguë. Ne laissez pas la douleur persister!
Une douleur aiguë peut devenir chronique
NE PAS ATTENDRE POUR CONSULTER
À première vue, il peut sembler facile de faire soi-même un diagnostic.
Prenons comme exemple le cas d’une douleur au niveau de la cheville. S’il s’agit d’une piqûre d’insecte, ou d’une irritation de la peau par le frottement répétitif d’une chaussure neuve encore trop rigide, la provenance de la douleur est claire et son traitement à la portée de chacun.
Faites appel au médecin pour le diagnostic des douleurs violentes ou durables.
Le diagnostic devient beaucoup plus difficile si la peau est intacte.
A quoi attribuer la douleur de la cheville, par exemple? A la déchirure d’un ligament ? A la désinsertion partielle d’un tendon ? A une fissure osseuse ? A la soudaine révélation d’une arthrose articulaire ? A l’inflammation d’une articulation ? A la sollicitation excessive de certains ligaments en raison d’un pied creux ou d’un pied plat ? Les possibilités sont nombreuses et seul un médecin pourra les débrouiller.
N’hésitez jamais à consulter un médecin pour une douleur aiguë ou qui se prolonge dans le temps. Parfois l’apparition de la douleur signale une véritable urgence, d’autres fois une douleur qui s’aggrave progressivement peut reflèter une maladie en évolution, qui doit être diagnostiquée et prise en charge.
Le danger de trop attendre : les douleurs auxquelles nous ne pensons pas
Il existe des douleurs projetées, c’est-à-dire que l’endroit où l’on ressent la douleur est éloigné de l’endroit où se produit la souffrance ou la lésion cellulaires.
Il peut être dangereux d’attendre trop pour consulter
Pour être complet, il faut aussi savoir qu’à côté des douleurs nociceptives (c-à-d. par activation d’un récepteur), il existe des douleurs neurogènes et psychogènes, heureusement moins fréquentes.
Les douleurs neurogènes sont liées à une altération des nerfs, que ce soit en périphérie, dans la moelle épinière ou dans le cerveau.
Les douleurs psychogènes sont déclenchées par des troubles psychiques comme la dépression, qui peuvent provoquer une sensation douloureuse réelle en l’absence de toute lésion.
Il ne suffit pas de contrôler la douleur
Un traitement optimal de la douleur ne consiste pas seulement à la rendre supportable ou à la faire disparaître. Il faut aussi soigner sa cause, empêcher son évolution, et prévenir les récidives.
Seul le médecin est capable de soigner la douleur, trouver sa cause et prévenir les récidives
Besson J.M., La douleur, 1992, Ed. Odile Jacob