INTRODUCTION ET DÉFINITION
Introduction
L’arthrose est une maladie dégénérative chronique du cartilage articulaire, qui, en évoluant, entraîne des remaniements de toutes les structures de l’articulation.
L'articulation
Quelles sont les structures de l’articulation ?
Au sein de l’articulation, les extrémités des deux os en contact sont recouvertes de cartilage articulaire. L’articulation est entourée d’une membrane synoviale qui sécrète du liquide synovial à l’intérieur de l’articulation. A l’extérieur de la membrane synoviale se trouvent la capsule articulaire et les ligaments articulaires, qui maintiennent les deux os en face l’un de l’autre et assurent la stabilité de l’articulation.
Pourquoi une telle structure ? Les deux os doivent pouvoir glisser l’un sur l’autre pour permettre les mouvements. Mais sous le poids du corps, par exemple au niveau du genou ou de la cheville, ce glissement userait progressivement l’os, plus rapidement qu’il ne saurait réparer cette usure.
C’est la raison de la présence du cartilage, dont la consistance plus molle et la surface plus lisse amortit les chocs et facilite le glissement. La surface articulaire du cartilage est de plus lubrifiée par le liquide synovial qui agit comme de l’huile dans le piston d’un moteur.
Le cartilage
Les caractéristiques du cartilage
Le cartilage articulaire a des caractéristiques très spéciales. Il ne contient que très peu de cellules, appelées chondrocytes, capables de générer du nouveau cartilage. Il ne possède aucun nerf, ce qui est logique ; s’il en possédait, le moindre choc ou mouvement provoquerait une gêne.
Il ne possède aucun vaisseau non plus. Autrement dit, il ne reçoit ni oxygène, ni nourriture par la microcirculation artérielle, il est incapable d’éliminer les déchets produits par les chondrocytes grâce à la microcirculation veineuse et lymphatique.
Comment vit-il alors ? En fait, il se comporte comme une éponge. Quand il est comprimé, il expulse ses déchets dans le liquide synovial. Quand la pression se relâche, il aspire dans le liquide synovial l’oxygène, l’eau et les aliments dont il a besoin. Pour rester en bonne santé, le cartilage a besoin que nous bougions.
Les fragilités du cartilage
Le cartilage vit au ralenti. S’il est capable de se maintenir en bonne santé, voire de réparer des petites lésions, il ne pourra jamais faire face à des lésions plus sévères ni se réparer s’il est cassé. Des microtraumatismes répétés, comme lors du jogging, le surmenage articulaire dans les sports de compétition, porter régulièrement de lourdes charges, perturber l’axe osseux normal par le port de chaussures à talons hauts, entraînent le risque d’une altération progressive du cartilage, sans retour en arrière possible.
Le maintien en bonne santé du cartilage dépend largement de l’alternance des compressions/relâchements qu’il subit durant la journée. C’est dire que la station prolongée, debout et immobile (compression permanente) lui est néfaste. A l’inverse, l’alitement prolongé (relâchement constant) est tout aussi mauvais. L’excès de poids ou de muscles entraîne des compressions prolongées. Le manque d’activité physique est tout aussi mauvais.
Le diagnostic
Le diagnostic d’arthrose est facilement posé par le médecin sur la base des symptômes et de l’examen des articulations.
Dans tous les cas, le motif de la consultation est la douleur, associée à une gêne fonctionnelle, qui tend à limiter les mouvements de l’articulation.
Le diagnostic de l’arthrose ne peut être fait que par un médecin
La douleur présente les caractéristiques suivantes :
Au début de la maladie, la douleur est déclenchée par le mouvement et disparaît au repos ; c’est ce qu’on appelle une douleur « mécanique ». L’arthrose de la hanche provoque une douleur à la marche. L’arthrose du genou rend pénible la montée et la descente d’escaliers, lever le bras est douloureux en cas d’arthrose à l’épaule, etc.
De façon logique, la douleur la moins importante est ressentie le matin, puis la douleur augmente au cours des activités de la journée et devient maximale le soir, entraînant des troubles de l’endormissement.
En plus de la douleur existe souvent une raideur de l’articulation malade après une période de repos. Plus la durée d’inactivité est longue, plus la raideur est importante. La raideur est donc maximale le matin après une nuit de sommeil. Cette raideur de l’articulation s’atténue petit à petit avec les mouvements. On parle d’une étape de « dérouillage matinal », le plus souvent inférieure à 30 minutes, au réveil ou après être resté longtemps immobile.
À un stade plus avancé de la maladie, la douleur peut devenir permanente. Dans ce cas, elle est aggravée par le mouvement, mais ne disparaît plus au repos. Elle peut réveiller le patient (environ 50 % des patients arthrosiques sont réveillés la nuit par leur douleur). L’arthrose de la hanche peut irradier dans la cuisse, la fesse ou le genou.
Un temps froid et humide a tendance à accentuer les symptômes de l’arthrose.
Au stade avancé de l’arthrose, la douleur devient permanente
La gêne fonctionnelle consiste en une réduction de l’amplitude des mouvements normaux de l’articulation, à cause de la douleur et de la raideur de l’articulation.
Son impact initial dépend de l’activité du patient : l’arthrose des mains, même légère, handicapera plus gravement un pianiste qu’un maçon. En évoluant, l’arthrose rendra les gestes de la vie quotidienne de plus en plus difficiles, voire impossibles.
Comme dans le cas de toutes les douleurs chroniques, la vie professionnelle, affective et sociale sera affectée. Près d’un tiers des personnes traitées pour arthrose chronique souffrent aussi de dépression et d’anxiété.
Les examens
Les examens complémentaires sont anodins.
En mobilisant l’articulation, le médecin examinera le degré d’instabilité de l’articulation. Il observera un gonflement lors des poussées inflammatoires. Il en étudiera les déformations. A la longue, l’axe des os peut être perturbé et donner naissance à des jambes arquées ou en X.
Pour confirmer son diagnostic, le médecin peut proposer deux examens.
Premièrement une prise de sang à la recherche d’une éventuelle inflammation.
Deuxièmement, il demandera des radiographies, qui montreront le remaniement de l’articulation. Toutefois, l’importance des signes radiologiques ne concorde pas avec l’importance des symptômes: une arthrose importante sur la radiographie peut rester asymptomatique, et inversement.
L'évolution
L’évolution des symptômes est difficilement prévisible.
Elle varie d’une personne à l’autre et n’est pas uniforme dans le temps.
Les douleurs de l’arthrose sont avant tout mécaniques, avec parfois des poussées inflammatoires, durant lesquelles la dégradation du cartilage s’accélère (1,2,3)
L’arthrose évolue par poussées
Marre, J.P., EULAR 2004, Nouvelles recommandations sur la coxarthrose: des preuves à la pratique. Journal de Rhumatologie, Juin 2004; 132: 3-6
Fautrel, B. Retentissement fonctionnel de l’arthrose: résultats d’une enquête nationale effectuée auprès de 10000 patients consultant pour l’arthrose. Rev Rhum 2005; 72: 404-410
Valat, J.P. Anti-inflammatoires non stéroïdiens versus antalgiques dans l’arthrose. Rhumatologie 2002; 54 (6): 9-15
Causes
Comment se crée l'arthrose ?
L’événement initial est une dégradation des éléments constitutifs du cartilage, menant à une fissuration de celui-ci et à la perte progressive de son élasticité et de sa surface lisse.
De très petits fragments de cartilage peuvent se détacher dans la cavité articulaire et provoquer une inflammation transitoire de la membrane synoviale, accompagnée de douleurs transitoires.
Le cartilage disparaît peu à peu, et quand les surfaces rugueuses des extrémités des deux os frottent l’une contre l’autre, la douleur apparaît, maximale lors des mouvements.
Trois phénomènes se passent alors, qui pourraient être considérés comme des tentatives de compensation ou de réparation des dégâts articulaires.
D’abord on observe une augmentation de la quantité de liquide synovial (pour faciliter le glissement ?). L’articulation gonfle, le liquide synovial en excès étire la capsule synoviale et les ligaments, ce qui génère de la douleur.
Ensuite, l’os s’use et tente de se réparer. Malheureusement, il le fait de manière anarchique, ce qui provoque l’apparition des « becs de perroquets » que l’on voit à la radiographie (en langage scientifique, ces épines osseuses s’appellent « ostéophytes »). En conséquence, l’articulation grossit et se déforme.
Enfin, la membrane synoviale et la capsule articulaire s’épaississent (dans une tentative de maintien de la stabilité de l’articulation ?), les ligaments et les muscles alentours se contractent, avec pour résultat une articulation qui devient plus rigide et plus difficile à mobiliser.
D’habitude, tout ce processus se passe très lentement, c’est pourquoi on associe l’arthrose aux personnes âgées.
La plupart du temps, une seule articulation est touchée : celles du genou, de la hanche et de la colonne vertébrale sont le plus fréquemment concernées. Mais il existe une arthrose généralisée (= plus de 3 articulations malades chez une même personne), une arthrose de la main, etc.
On observe une sensibilité familiale à la maladie arthrosique, et une prédilection de l’arthrose pour les femmes.
Quand l’arthrose est bien installée, on se trouve devant une articulation douloureuse, augmentée de volume, déformée et enraidie
Le traitement
Votre médecin vous proposera une approche multiple
L’arthrose est irréversible, on ne sait pas la guérir pour l’instant, en dehors de la chirurgie de remplacement de l’articulation (prothèse de hanche, prothèse de genou) qui procure une amélioration immédiate et importante mais au prix d’une intervention chirurgicale majeure.
Tous les efforts de traitement vont donc être focalisés sur trois axes :
- Ralentir l’évolution de l’arthrose,
- Maintenir la mobilité de l’articulation
- et contrôler la douleur.
On ne guérit pas de l’arthrose, mais on peut la contrôler
Le médecin dispose surtout de solutions pour soulager la douleur et la raideur à l’aide de médicaments. Le paracétamol fait partie de l’arsenal thérapeutique de base, en raison de son excellent rapport efficacité/tolérance. Il est important de prendre le paracétamol en prises régulières, sans attendre que la douleur réapparaisse. Les prises à heures fixes (séparées d’au moins 4 h si la dose est de 500 mg et d’au moins 6 h si la dose est de 1 g) permettent un meilleur contrôle de la douleur.
Un AINS (anti-inflammatoire non stéroïdien) à la dose efficace la plus faible et si possible pour une courte période est aussi un traitement qui peut vous être recommandé par votre médecin.
Conseils
- Ralentir l’évolution de l’arthrose revient à éviter de surcharger l’articulation tout en veillant à maintenir suffisamment l’alternance de compressions et relâchements qui nourrissent le cartilage. En pratique, il ne faut pas forcer sur une articulation quand la douleur est trop importante, particulièrement lors des poussées inflammatoires. Ménagez votre articulation en la mettant au repos quelques minutes. Puis continuez à bouger. La marche est excellente pour la cheville, le genou et la hanche.
- Cherchez à maigrir si vous êtes en surpoids. La perte de poids est le premier et le meilleur moyen d’économiser ses articulations. La perte de poids, aussi minime soit-elle, a aussitôt des effets positifs sur l’arthrose et les douleurs qui l’accompagnent.
- Certains médicaments aident à ralentir la destruction du cartilage. Les anti-arthrosiques d’action lente demandent une administration prolongée de 6 à 12 mois pour développer pleinement leur activité. Ils ne produisent pas d’effets avant 1 à 4 mois de traitement.
- Pour maintenir la souplesse de l’articulation et l’amplitude des mouvements, des exercices simples et non douloureux sont efficaces.
- Sous la conduite d’un kinésithérapeute, des étirements et des mouvements de musculation peuvent être réalisés plusieurs fois par semaine.
- La natation et la bicyclette, qui diminuent le poids du corps sur les articulations pendant leur mobilisation, sont aussi conseillées.
- La chaleur sous toutes ses formes soulage les douleurs.
- Mieux vivre avec l'arthrose.
La kinésithérapie est très efficace
Goldring MB et al, J Cell Physiol 2007, 213: 626-634 Harrison 2006, Ed. Flammarion Wikman A et al, PLoS One 2011 Apr 29, 6: e18952 Valat, J.P. Anti-inflammatoires non stéroïdiens versus antalgiques dans l’arthrose. Rhumatologie 2002; 54 (6): 9-15 Marre, J.P., EULAR 2004, Nouvelles recommandations sur la coxarthrose: des preuves à la pratique. Journal de Rhumatologie, Juin 2004; 132: 3-6 Fautrel, B. Retentissement fonctionnel de l’arthrose: résultats d’une enquête nationale effectuée auprès de 10000 patients consultant pour l’arthrose. Rev Rhum 2005; 72: 404-410